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VIE CULTURELLE

Chers visiteurs,

L’objet de cette rubrique est de vous faire découvrir notre commune, ou de vous permettre de mieux la connaitre. Pour cela, nous avons choisi de vous parler de sa situation actuelle, avant de vous emmener faire une balade dans les ruelles de son village. Nous poursuivrons ensuite par une page Historique avant de conclure par les origines de son nom.

Vous remerciant de votre visite, nous vous souhaitons une bonne lecture, ainsi qu’un bon voyage…  

 

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I/ PRESENTONS-NOUS :

 

Située à une dizaine de kilomètres au Nord-Ouest de Cahors, notre chère commune lotoise est aujourd’hui bureau centralisateur du canton Causse et Bouriane. Arrosée par le ruisseau « le Reignac » et son petit affluent « le Pouzard », Espère se voit limitée par les communes de Nuzéjouls, Calamane, Mercuès, Caillac et Crayssac, prenant ainsi une forme de pentagone presque régulier. Sa plus grande longueur de 3030 m du Nord au Sud et sa plus grande largeur de 2850 m de l’Est à l’Ouest en font l’une des plus petites superficies du département avec 631 hectares seulement. Néanmoins, sa population ne cesse d’augmenter au fil des décennies, passant de 210 âmes en 1941 à 1070 au terme du dernier recensement. Les Espérois se dispersent dans plusieurs « hameaux » comme Labarthe, Laborie, Les Granges, Les Jasses, Roullès, Issandre et quelques autres ainsi que dans la plus ancienne partie du village : son bourg. Il étage ses maisons de pierres au-dessus de la verdoyante vallée du Reignac. Bien exposé au midi, il bénéficie d’un abri naturel contre les vents froids soufflant du nord mais aussi d’un ensoleillement particulièrement appréciable durant la saison hivernale.

 

II/ PETITE BALADE DANS LE VILLAGE :

 

En parcourant ses rues étroites, vous pourrez trouver une chapelle dédiée à Saint Roch. Fêté le 16 août, jour de la bénédiction du bétail dans le village à l’époque, Saint Roch se dévouait au service des malades et pestiférés. Il est ainsi devenu populaire. Dans cette intention, certaines familles du village frappées par le malheur ont pu faire édifier cette chapelle. En continuant, et si votre œil est suffisamment aiguisé, vous saurez sûrement voir une croix en fer… Celle-ci est là pour nous rappeler, qu’en des temps plus moyenâgeux, reposait à cet endroit un cimetière. Un presbytère en était mitoyen mais le temps faisant son œuvre, il disparaitra avec lui. Un peu plus loin, restent quelques discrètes traces d’un château.  Bien calé sur les hauteurs, il avait une vue dominante sur la vallée. Aujourd’hui disparu, ses fondations demeurent et une nouvelle construction l’a remplacé. En poursuivant encore, vous arriverez au point de vue. D’ici, en plus d’un panorama sublime, vous pourrez, admirer, en contre-bas, notre belle église St Laurent. Erigée en 1877, les briques qui la composent, en plus de pierres éclectiques, lui confère un style plutôt atypique. Elle est la voisine du Domaine des Granges, l’une des demeures les plus anciennes de la commune datant du 18ème siècle. En descendant encore et bordant la Voie Impériale(aujourd’hui D811), vous pourrez découvrir le Domaine de Labarthe. Il fait également partie de notre patrimoine le plus ancien. En plus d’être majestueux, il sera le théâtre de faits héroïques lors de la seconde guerre mondiale. En effet, il fût un asile salvateur pour de nombreux réfugiés qui fuyaient des terres devenues trop hostiles. Plusieurs de leurs témoignages relatant cette période nous sont parvenus. Comme ceux des expulsés d’Arriance, ce petit village de Moselle proche de Metz qui fût investi par l’occupant allemand le 18 novembre 1940 et pour qui Espère aura su être une terre d’accueil.

 

III/ UN PEU D’HISTOIRE

 

On retrouve trace du village d’Espère dès le XIème siècle. Le château central qui y était établi était la demeure de Raymond, seigneur d’Espère et vassal de Raimond IV de St Gilles, alors puissant comte de Toulouse. Le châtelain espérois participa aux côtés de son suzerain à la première croisade vers le Moyen Orient. Raimond IV de Toulouse, laissant le comté à son fils Bertrand, quitta le midi en octobre 1096 et c’est par l’Italie du Nord et les Balkans qu’il gagna Constantinople. Le toulousain Raimond IV, alors accompagné de notre Raymond d’Espère, participa victorieusement avec ses croisés aux sièges des villes turques Nicée en 1097 et Antioche en 1098 avant de marcher sur Jérusalem, prise en juillet 1099. Si nous savons que le Comte de Toulouse mourut lors du siège de Tripoli en 1105, nous perdrons malheureusement la trace de notre brave seigneur Espérois.

 

IV/ LES ORIGINES DU NOM :

 

IV.I/ Entre Histoire et histoires…

 

Il était une voie, antérieure à l’ère Romaine, qui cheminait en notre cher Quercy. Longeant dans un premier temps la rivière Lot, elle traversait son affluent le Reignac(tributaire aujourd’hui de la commune d’ESPERE) au lieu-dit Negrebout. C’est lors de la construction d’un pont reliant Mercuès à Luzech qu’a été retrouvé le gué pavé qui permettait de le traverser jadis. Cette voie, reposant sur un sol calcaire et rocheux, était suffisamment praticable pour que les Romains puissent l’utiliser sans chercher à tracer un autre accès. Et c’est ainsi qu’un modeste chemin, anonyme et espiègle, serpentant insouciant au gré des cours d’eau et des reliefs de notre belle contrée se vît brutalement promu au glorieux rang de Voie Romaine. Dorénavant, fini oisiveté et nonchalance ! C’est la rigueur qui sera de mise puisqu’il sera désormais emprunté par les très sérieuses légions de l’Empereur ! Cette voie, passant par Divona Cadurcorum, reliait Lugdunum à Burdigala(soit Lyon à Bordeaux en passant par Cahors) et constituait le principal itinéraire d’accès vers le plateau voisin de Crayssac. Le chemin du Mont Rixou qui fait partie intégrante de la Voie Romaine et rejoint par celui de Grabat étaient dotés de pente assez abrupte au départ de la plaine… Nous tenons peut-être ici une première origine possible du nom d’Espère : ASPER.

Ce terme latin signifie « rude », « rugueux » et selon certaines études toponymiques, désignerait par extension lorsqu’on décrit un lieu, « un endroit caillouteux qui comporte des difficultés ». Au regard de la topographie locale, cette explication semble tout à fait correspondre. Nos collines escarpées et nos chemins rocailleux peuvent en témoigner. Tout comme l’auraient fait nos ancêtres qui devaient emprunter le chemin du Mont Rixou pour aller puiser à la fontaine un peu d’eau fraiche pour les usages quotidiens.

Les romains ont maintenant pris possession des lieux. Nous sommes sur la Voie Romaine et, sur cette voie, il est un lieu, situé au terme d’un fameux raidillon et à la croisée de quatre chemins : Le plateau du Mont Rixou !! Il s’agit d’un endroit assez stratégique pour que les Romains y établissent un camp militaire. Ce camp aurait été probablement destiné à la surveillance et au ravitaillement de légions en itinérance. Quelques vestiges demeurent toujours et préservent le souvenir du passage dans la contrée des armées transalpines :

- Un puits romain qui a été creusé au fond d’une igue, sur le plateau du Mont Rixou, vers Crayssac. Il permettait d’alimenter les légions romaines qui empruntaient cette voie ou qui stationnaient à proximité.

- Le Cam de Galioffe : lieu-dit où les légions du Général Romain du même nom auraient fait étape. D’où le nom de Cam qui signifie « campement ».

 

IV.II/ D’ASPER A SPERA :

 

C’est donc là que les garnisons attendaient le passage d’autres légionnaires et contrôlaient la circulation des biens et des personnes. Ce qui nous amène à une autre racine, peut-être une évolution d’ASPER, qui est SPERA. Toujours tiré du latin, SPERA(que l’on retrouve d’ailleurs dans les inventaires de biens d’Eglise du Moyen Age)est l’impératif singulier présent de SPERARE. Nous serions bien tentés de le traduire directement par Espérer mais en réalité, sa traduction est plus « attendre, s’attendre à ». On l’utilisera dans le sens « d’espérer » lorsqu’il s’agit de quelque chose de favorable et plus dans le sens « appréhender, redouter » lorsqu’il s’agit de quelque chose de fâcheux. Dans ce cas, c’est plutôt dans le sens « d’attendre » qu’il faudrait l’interpréter. Ce qui participa peut-être à l’évolution de la signification du nom et de son sens au fil du temps, le faisant passer d’un mot désignant « un endroit caillouteux » en « un lieu où l’on attend » …

 

IV.III/ De SPERA à ESPERE :

 

Nos amis Romains ont finalement été mis en déroute par les invasions barbares et il est fort probable, qu’après leur départ, ce lieu devint le théâtre de faits assurément moins glorieux… En effet, si le lieu était propice à de la surveillance militaire, il l’était tout autant pour y préparer quelques embuscades… Ainsi, vils brigands et autres bandits de grand chemin utilisaient ce promontoire naturel afin de guetter avec aise le chaland et autre marchand, que l’on pourrait imaginer revenant des marchés avoisinants, afin de les délester de quelques richesses durement gagnées. L’endroit était donc redouté et craint de tous et était nommé SPERA. Nous pouvons imaginer que les uns se rendaient à SPERA pour y attendre un butin éventuel et espéré, et les autres usagers y passaient par nécessité avec l’appréhension de se faire détrousser en espérant passer sans encombre…

 

IV.IV/ DU LATIN AU LANGUEDOCIEN :

 

En languedocien, ESPERA, venant également du latin SPERARE(attendre, s’attendre à), signifie « patienter ». Cette évolution sémantique s’est produite principalement dans le midi. On le retrouve plus spécialement dans le milieu des chasseurs, où « attendre le gibier » est synonyme de « patienter ». D’ailleurs, « être à l’espère » signifie être à l’affût, à l’espéro et nomme l’endroit où l’on attend un gibier. Donc, en ces temps plus anciens, ce lieu alors emprunté par les diligences et autres coches, était investi par les marauds qui « se mettaient à l’Espero ». Mais eux, en guise de gibier, c’est bien un butin éventuel qu’ils guettaient…

 

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Alors, hardis voyageurs, si l’envie vous prenait de venir vous promener sur l’un de nos circuits de randonnée, surtout s’il passe sur la Voie Romaine et par le Mont Rixou, pensez à vous armer de courage ! Et surtout, restez bien sur vos gardes ! Quelques brigands se seront peut-être « mis à l’espéro » afin de vérifier que vos poches ne soient pas percées…

 

Allez, venez tenter l’aventure !! Nous saurons vous recevoir…